2e participation de l’ANR au festival TURFU

Le programme pluriannuel SAPS « Science avec et pour la société » a pour vocation de renforcer les relations entre recherche, société et science en remettant celle-ci au centre du débat public et en associant le plus grand nombre à la recherche et aux progrès de la connaissance. Dans le cadre de ce programme, deux appels à projet « Recherches participatives » ont été lancés par l’ANR entre 2022 et 2024, permettant le soutien de 82 projets de recherche. Six équipes sélectionnées dans le cadre de ces appels, sont venues tester leurs protocoles participatifs et sensibiliser le grand public caennais à des sujets à forts enjeux sociétaux : Comment mieux comprendre, identifier et cartographier des îlots de chaleur urbains et rendre nos villes plus durables ? L’arbre a-t-il sa place en ville ? Comment faire évoluer les conditions sensorielles de la ville pour améliorer le quotidien des personnes atteinte de TSA ? Aperçu.

L’arbre a-t-il sa place en ville ?

L’équipe du projet OSCAR, porté par l’université de Bordeaux et l’INRAE, a proposé l’atelier sur la forêt urbaine. Participatif par essence, ce projet cherche à associer les particuliers à la surveillance de l’état sanitaire de la « forêt urbaine », pour créer un observatoire scientifique citoyen consacré à la santé des arbres qui jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement des socio-écosystèmes urbains où ils fournissent des services écosystémiques vitaux. Première étape de cette démarche : rendre accessible les savoirs scientifiques sur les arbres, expliquer et sensibiliser aux problématiques et leurs facteurs de vulnérabilité. C’était tout l’objet des déambulations menées dans la ville pendant plusieurs jours par Benoît Castaneyrol (INRAE), coordinateur du projet, qui entend bien remédier à cette « cécité botanique », qui qualifie l’indifférence à l’environnement et à la biosphère caractérisant nos sociétés occidentales. Les participants ont pu en apprendre davantage sur les propriétés méconnues des arbres en lien avec leur environnement : comment l’arbre régule sa température par l’évapotranspiration ? Comment reconnaître un arbre malade ? De quelle façon ses racines contribuent à la consolidation des sols ? Quels arbres doit-on planter maintenant pour remédier aux augmentations de températures à venir ?

Un thème cher à l’équipe du projet SURe-BA qui a proposé un atelier pour mieux comprendre et identifier les îlots de chaleur urbains (ICU) afin de rendre nos villes plus durables. Modification de la surface des sols (surfaces noires), systèmes de climatisations, rayonnement solaire des bâtiments, végétation limitée… « les différences de températures entre le centre et les périphéries peuvent atteindre 10°C de différence mesuré au point de rosé » a rappelé Damien Lenouvel de l’association Savoirs Vivants, partenaire du projet.

Ville et sensibilité autistique

L’équipe du projet AutiSenCité, porté par le Centre Neurosciences Intégratives et Cognition de Paris, a parlé de l’expérience de l’espace urbain au prisme de la sensibilité autistique. Un projet inclusif et participatif visant à recueillir des témoignages et stratégies développées par les personnes atteintes d’un TSA, pour construire une méthodologie d’évaluation sensorielle de la ville avec, à terme, la conceptualisation d’outils pour accompagner les collectivités dans la création de micro-aménagements urbains favorables. Les participants à l’atelier ont pu compter sur Maïté, experte d’usage dotée d’un TSA pour qui l’expérience de la ville est très surchargée sur le plan attentionnel, les perturbations multiples : étroitesse des trottoirs, perturbations sonores et olfactives, saturation de l’information, sens de circulation, difficulté dans l’appréciation des distances etc. Instruits de ces difficultés, les participants ont pu faire des propositions d’aménagements respectueux des sensibilités du TSA : réduire la vitesse des véhicules, prévoir des espaces à faible niveau sonore, favoriser des véhicules électriques, mettre à disposition des cartes du bruit, installer des baromètres sonores, construire des espaces calmes, « de récupération », ou encore favoriser le bois comme revêtement plus isolant sur le plan phonique…Ces recueil de témoignages qui constituent la phase préliminaire du projet, seront réalisés sur des groupes incarnant d’autres usages de la ville comme les cyclistes ou des groupes de personnes dotées d’autres particularités cognitives et sensorielles. « Tout l’intérêt des sciences participatives est de faire appel à des experts d’usage car on recueille les avis de tous les groupes pour construire des espaces et s’adapter », rappelle Marie Pieron, coordinatrice du projet et élue de la ville d’Ivry. Le projet vise l’intégration des résultats obtenus à des outils de travail ou cahiers des charges utilisées par les services d’urbanisme dans les collectivités ou des structures comme les IME (Instituts médicaux-éducatifs) et les SESSAD (Service d’éducation spéciale et de soins à domicile), là où « aujourd’hui il n’existe encore aucun standard concernant l’accessibilité de l’espace urbain aux personnes atteintes d’un TSA », rappelle Marie Pieron.

En savoir plus :

Découvrez le programme SAPS de l’ANR

Site officiel du festival TURFU

Les projets :

AutiSenCité : Autisme et sensorialité dans la ville

SURe-BA : solutions pour une résilience urbaine – Haute Alsace

OSCAR : Observatoire scientifique et citoyen de la santé des arbres urbains

RESILUDIQUE : Résidence participative pour l’analyse des pratiques de création ludique et de la diversité des mécaniques de jeu