Rencontres Recherche et Création : scientifiques et artistes explorent la fabrique des sociétés

En croisant les savoirs et les expériences des artistes et des scientifiques, les Rencontres Recherche et Création montrent une nouvelle fois combien la création et la recherche se nourrissent mutuellement. Les scientifiques ont en commun avec les artistes une inlassable curiosité et une soif de partage. La force du dialogue entre la recherche et l’art dans ses différentes formes est de permettre de changer notre regard, de déjouer les évidences, de montrer la complexité du monde et de contribuer à son intelligibilité. À la rigueur de l’observation, de l’analyse des sources, de l’expérimentation, de la comparaison, s’ajoute ainsi l’intelligence sensible et la puissance de l’imaginaire. Au diapason de la fonction première du théâtre et du festival comme Assemblée, ces rencontres suscitent une proximité avec le public propice à l’échange d’idées et à la pensée en commun.
Depuis 2014, plus de 200 scientifiques et 75 artistes de 18 pays du monde ont ainsi partagé leur réflexion avec le public passionné du Festival.

Une programmation en écho à 4 spectacles du Festival pour explorer la « fabrique des sociétés »

En ouverture de cette édition anniversaire, Tiago Rodrigues, directeur du Festival d’Avignon, a rappelé combien comprendre le monde est absolument essentiel dans l’aventure humaine et combien ces Rencontres s’inscrivent dans cette exigence et dans cette liberté de poser ensemble des questions. Thierry Damerval, président directeur général de l’ANR, a insisté de son côté sur les principes et valeurs qui guident la démarche scientifique et la démarche artistique. Dans les deux cas, il s’agit d’explorer de nouveaux territoires, d’aller là où d’autres ne sont jamais aller, d’oser la nouveauté.

Les échanges se sont poursuivis dans le cadre de quatre sessions thématiques, chacune en lien avec une œuvre présentée au Festival.

Raconter les origines 

Inspirée de la biographie du prix Nobel Svante Paboo, la pièce Neandertal de David Gesselson, met en scène un groupe de scientifiques qui décident d’écrire une nouvelle histoire de l’origine de l’homme. Portés par l’espoir d’abolir les hiérarchies entre les peuples, l‘ADN est pour eux une encyclopédie vivante.

Si les récits des origines traversent toutes les civilisations, la science permet des explorations inédites. Les avancées de la biologie moléculaire et les techniques de séquençage de l’ADN ancien couplés à l’analyse des traces archéologiques, proposent une nouvelle approche de l’évolution humaine. Pour Jean-Jacques Hublin, l’apparition de l’homme moderne a été un processus long et très foisonnant, marqué par de multiples métissages et l’émergence de structures sociales plus complexes.

L’étude de la Mésopotamie ancienne ouvre aussi de nouvelles perspectives pour comprendre l’invention des premières écritures et l’émergence des premières formes urbaines. Les tablettes d’argile, découvertes en Irak et en Syrie, datant de plus de trois millénaires avant notre ère, témoignent des signes graphiques qui racontent les paroles et les gestes des rituels, les mythes et les actions des dieux (Anne-Caroline Rendu-Loisel). Hervé Reculeau nous rappelle l’importance des observations et des données de terrain pour repérer l’apparition des premières villes, ainsi que les nouvelles organisations sociales, la concentration des pouvoirs et l’accumulation de richesses qui l’on accompagnée. Les travaux du projet Histogènes financés par l’ERC (Conseil Européen de la Recherche), présentés par Patrick Geary, mettent en évidence la complexité de l’émergence de la société européenne du Moyen Âge en retraçant la diversité des populations, des formes de parenté et des organisations politiques.

Vidéo. Rencontre avec Patrick Geary sur les apports de la génétique à la recherche historique. Une interview menée par Emmanuel Laurentin