Analyse femmes-hommes dans l’appel ANR Flash COVID-19

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Retour sur le Flash COVID – 19

L’appel à projets Flash COVID-19 a la particularité d’avoir été lancé du 6 au 23 mars 2020 dans un contexte très particulier et inédit afin de répondre à un besoin urgent de connaissances aussi bien dans le domaine de la biologie et de la santé qu’en sciences humaines et sociales. Les objectifs de l’appel Flash COVID-19 visaient à développer les quatre thématiques de recherche suivantes : Éthique et Sciences humaines et sociales associées à la réponse ; Études épidémiologiques et translationnelles ; Physiopathogénie de la maladie ; Prévention et contrôle de l’infection (Pour en savoir plus).

Cet appel à projets venait bousculer les temporalités de la recherche mises en tension avec les temporalités sanitaires, politiques, économiques et médiatiques. En outre, chercheurs et chercheuses ont dû répondre à l’appel Flash COVID-19 alors que s’est instauré un confinement général dans les jours qui ont suivi son lancement. Aujourd’hui, des études démontrent combien ce confinement a eu des répercussions très différentes sur les hommes et sur les femmes. En recherche, ces différences se traduisent par une moindre productivité scientifique des femmes, notamment en termes de publications et par une augmentation en revanche des publications pour les hommes1.

Pour ces différentes raisons, il convenait d’évaluer quelle avait été la capacité des femmes à répondre à l’appel Flash COVID-19 et de voir pour celles qui y avaient répondu quel était leur profil en termes de statut, d’âge et dans quel axe scientifique elles se sont majoritairement inscrites.

Les hommes ont été beaucoup plus nombreux à répondre à l’appel

Alors même que les femmes sont proportionnellement plus nombreuses dans les domaines scientifiques de biologie santé et sciences humaines et sociales, domaines plus spécifiquement concernés par l’appel, les hommes sont très largement majoritaires à avoir déposé un projet en tant que coordinateur : 73 % des projets déposés dans cet appel sont portés par des hommes, contre 27 % portés par des femmes.

Le graphique ci-dessus montre également que parmi les projets sélectionnés, la part des femmes augmente (34 % des projets sélectionnés sont portés par des femmes), ce qui indique une absence de biais de genre dans l’évaluation en défaveur des femmes. Pour autant, la différence observée entre les femmes et les hommes, s’explique aussi probablement par les plus grandes dispositions des hommes à déposer un projet quel que soit son degré de maturité lorsque les femmes ne s’y autorisent qu’à partir du moment où elles sont certaines de la rigueur et de la robustesse de leur dossier, ce qui dans ce cas leur aurait été statistiquement favorable en termes de succès à l’appel à projets2.

Une répartition thématique sexuellement différenciée

Parmi les axes scientifiques proposés par l’appel, c’est dans celui dédié à l’éthique et aux sciences humaines et sociales que s’inscrivent plus fortement les projets portés par les femmes. Si elles sont nombreuses dans le domaine des SHS, on constate aussi que les femmes ont une plus grande disposition à s’inscrire dans des approches pluri ou interdisciplinaires que les hommes (Constats identiques sur l’AAPG 2015-2020). Ces deux graphiques montrent que comparativement aux dépôts, la part des femmes parmi les projets sélectionnés augmente dans les quatre axes thématiques. C’est notamment dans l’axe sur la prévention et le contrôle de l’infection et surtout dans l’axe sur la physio-pathogénie que cette proportion augmente de façon très significative (+7 points et + 11 points respectivement entre les deux étapes, dépôt et sélection).

Des différences de statut très marquées au sommet de la hiérarchie académique

Là encore, la progression de la part des femmes entre les phases de dépôt et de sélection est très nette et cela quel que soit le statut. C’est notamment les maîtresses de conférence qui ont le plus progressé, augmentant de 9 points leur part de présence entre les deux phases. Ces deux graphiques montrent également que les femmes sont majoritairement chargées de recherche ou maîtresses de conférence alors que les hommes sont majoritairement directeurs de recherche ou professeurs. Ces résultats se font le miroir des écarts de statut très marqués entre les femmes et les hommes dans la hiérarchie académique. Une légère différence est à noter entre chargées de recherche et maîtresses de conférence. Les premières étant légèrement plus nombreuses que les deuxièmes ce qui est à mettre en lien avec l’investissement et l’implication des femmes très important et supérieur à leurs homologues masculins dans l’enseignement et les charges administratives qui y sont associées3.

Les femmes sont légèrement plus jeunes que les hommes

Si l’âge des coordinateurs et des coordinatrices de projet est sensiblement le même, il est toutefois à noter que les femmes et plus particulièrement parmi les projets sélectionnés sont sensiblement plus jeunes que les hommes1.

Références :

1https://theconversation.com/covid-19-pourquoi-cette-crise-peut-creuser-les-inegalites-entre-chercheurs-et-chercheuses-143334
https://www.lesnouvellesnews.fr/le-confinement-prejudiciable-aux-chercheuses-pas-aux-chercheurs/
https://voxeu.org/article/who-doing-new-research-time-covid-19-not-female-economists
https://www.thelily.com/women-academics-seem-to-be-submitting-fewer-papers-during-coronavirus-never-seen-anything-like-it-says-one-editor/

2 Rebecca Rogers & Pascale Molinier (ss dir.), Les femmes dans le monde académique. Perspectives comparatives, PUR, 2016.

3 R. Rogers et P. Moulinier (dir.), Les femmes dans le monde académique. Perspectives comparatives, PUR, 2016.

En savoir plus :

Femmes et hommes dans l’Appel à projets générique (AAPG) : l’ANR poursuit et enrichit ses analyses

L’engagement de l’ANR pour l’égalité femmes-hommes

Données, analyses et impact

 

 

1  Constats à relativiser au regard du petit nombre de projets concernés.