“Nous devons aborder le changement climatique d’un point de vue systémique”

Comment la recherche fondamentale en sciences de la vie peut-elle contribuer à accélérer la transition vers la durabilité ? 

Pavel Kabat : Le changement climatique et les modes de vie non durables sont deux des plus grands défis auxquels l’humanité est confrontée au 21e siècle. Dans le cadre de ce sommet et de ce symposium internationaux, nous nous attaquerons à ces deux thématiques car c’est là que les recherches fondamentales en sciences de la vie peuvent marquer une différence substantielle. Par exemple, la plupart des travaux sur le climat menés depuis les années 1980 se sont focalisés sur les sciences atmosphériques et océaniques. Il y a quarante ans, les scientifiques pensaient pouvoir caractériser pleinement l’ampleur de la menace du changement climatique en n’étudiant que ces deux domaines.

Mais au fur et à mesure que les scientifiques ont avancé dans leur réflexion, notamment sur la question de la gestion des risques liés au changement climatique, il est devenu évident que de nombreuses autres disciplines sont essentielles pour bien comprendre le fonctionnement du système terrestre dans son ensemble ; la végétation, par exemple, joue un rôle clé dans le cycle climatique en régulant la quantité de vapeur d’eau disponible dans l’atmosphère. Nous devons donc aborder le changement climatique d’un point de vue systémique, ce qui signifie que nous devons inviter un large éventail de scientifiques à apporter leur expertise et leurs connaissances pour trouver des solutions. C’est ce que notre événement de trois jours a pour but d’initier. Il s’agit d’un événement marquant qui, nous l’espérons, favorisera une méthode de travail à long terme plus productive pour relever les défis mondiaux.

De même, considérons la durabilité. La planète compte actuellement presque 8 milliards d’habitants. Avec le changement climatique, la température augmente dans de nombreuses régions au point de rendre l’agriculture difficile, voire impossible, et l’une des menaces sera la sécurité alimentaire. Comment parviendrons-nous à nourrir tout le monde si de vastes étendues de terre sont touchées par des inondations torrentielles ou par des températures et des sécheresses extrêmes ? La photosynthèse, c’est-à-dire la capacité des plantes à absorber la lumière du soleil et à augmenter leur masse, est au cœur des préoccupations. Il s’avère que la photosynthèse est un processus incroyablement inefficace. Seul 1 % de la lumière solaire disponible est réellement utilisé pour la photosynthèse. Existe-t-il un moyen de rendre la photosynthèse des plantes plus productive ? Ces questions relèvent de la recherche des biologistes moléculaires et nous avons besoin de ces nouvelles connaissances pour prendre des décisions importantes.

Quels sont les résultats attendus de cet événement ?

Pavel Kabat : Nous espérons que le sommet et le symposium catalyseront une toute nouvelle approche susceptible d’aider à surmonter les effets néfastes du changement climatique, une approche mobilisant tout le spectre de l’expertise scientifique afin de dresser un tableau plus complet. Nous devons comprendre comment les organismes vivants contribuent aux systèmes terrestres. Pour ce faire, nous avons besoin d’une perspective de recherche plus transdisciplinaire qui faisant appel à un large éventail de disciplines scientifiques. Il s’agit d’une recherche fondamentale sur les systèmes qui n’a franchement pas été suffisamment menée, et les réponses apportées par ces recherches permettront d’obtenir une image beaucoup plus complète de notre monde qui pourra aider les décideurs politiques à comprendre comment les comportements des plantes, des animaux, des personnes et des communautés affectent les systèmes fondamentaux qui font de la planète Terre un endroit où il fait bon vivre.

Quels sont les principaux objectifs du Human Frontier Science Program ?

Pavel Kabat : L’organisation HFSP est une collaboration internationale entre 17 pays membres qui travaillent ensemble pour promouvoir la coopération mondiale dans la recherche sur les sciences de la vie. Créé en 1989, le HFSP finance la recherche fondamentale en sciences de la vie à haut risque, interdisciplinaire, intercontinentale et collaborative, avec une philosophie de “science sans frontières”. Le programme encourage la pensée innovante et novatrice pour soutenir la recherche transformatrice et le changement de paradigme.

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Le programme et les organisations partenaires de l’événement

L’année internationale des sciences fondamentales pour le développement durable

 

 

 

1 Cet événement est organisé par l’HFSP en partenariat avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), l’Agence nationale de la recherche (ANR), le CNRS, l’Académie des sciences, l’Institut Pasteur, le Conseil international de la science, le Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL), l’UNESCO, et l’Année internationale des sciences fondamentales pour le développement durable (International Year of Basic Sciences for Sustainable Development, YBSSD).