LabCom : 10 ans de recherche partenariale au service de l’innovation

Qu’est-ce que le programme LabCom, ce dispositif qui vise à accompagner les acteurs de la recherche académique dans la co-construction de Laboratoires Communs avec des entreprises ?

Eric Papon : Le programme LabCom est l’un des instruments qui accompagnent le modèle de collaboration public-privé, en particulier envers les Très Petites Entreprises (TPE), les Petites et Moyennes Entreprises (PME) et les Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) dans la mesure où ces liens sont cruciaux dans la chaîne de l’innovation. Il facilite et encourage le recrutement d’ingénieurs de recherche, de post-doctorants et de doctorants. Et au-delà des réalisations scientifiques, le montage d’un projet de LabCom conduit généralement la pérennisation de ces structures communes de recherche, le financement de l’ANR permettant l’amorçage d’une collaboration durable. Par ailleurs, l’appel à projet LabCom est ouvert à tous les champs scientifiques et technologiques. L’ambition de ce dispositif est donc de répondre à des enjeux des défis industriels ou technologiques majeurs par l’innovation, pour la société, de soutenir une recherche ambitieuse et de s’appuyer sur l’expertise académique pour lever ces verrous.

Plus largement, qu’est-ce que la recherche partenariale et comment le programme s’y inscrit ?

E. P. : L’ambition première de la recherche partenariale est d’associer la recherche publique au monde socio-économique. Les entreprises expriment un besoin technologique, identifient des verrous scientifiques à lever ; les chercheurs les traduisent en sujet de recherche ; ensemble, ils mettent en commun des ressources pour y répondre. Dans une certaine mesure, la recherche partenariale favorise une approche filière qui permet d’appréhender et de connecter tous les enjeux d’une problématique, dans un contexte de transformation environnementale, sociale, technologique nécessaires. La recherche est au service de la société ; et les entreprises en font partie.

10 ans après le lancement du programme, 225 LabCom ont été créés. Quelles sont plus précisément les caractéristiques de ces structures ?

E. P. : Un LabCom réunit un laboratoire d’un établissement ou d’un organisme de recherche et une entreprise française (TPE, PME ou ETI), et cherche à stimuler la création de valeur bénéfique aux deux partenaires. Il se caractérise par une gouvernance commune permettant le fonctionnement intégré des équipes académiques et industrielles ; par une feuille de route des activités à mener ; par une stratégie commune de valorisation des travaux ; par un accord prédéfini de partage de la propriété intellectuelle ; et par une stratégie de pérennité de la collaboration. Il se traduit concrètement par la mise en commun d’apports de l’établissement de recherche à travers ses capacités de recherche, d’équipements, d’accès à une bibliographie, et de l’entreprise avec sa capacité de développement pour porter des résultats vers les marchés. L’entreprise s’appuie très souvent, en matière de ressources humaines sur le dispositif CIFRE en proposant des thèses sous Conventions Industrielles de formation par la recherche.

Le programme LabCom a été créé en 2013. C’est, désormais, une brique essentielle de la recherche partenariale, complémentaire à d’autres programmes tels que Carnot et Chaires industrielles, ou à d’autres instruments de l’ANR comme le « Projet de recherche collaboratif – Entreprise (PRCE) ». L’ensemble de ces outils contribuent à dynamiser le partenariat public/privé et à renforcer les échanges entre les laboratoires de recherche publique et les milieux sociaux-économiques. L’événement organisé pour les 10 ans sera aussi l’occasion de rassembler des acteurs clés de l’écosystème de la recherche partenariale, de faire un bilan du programme, de présenter des réussites déjà effectives des laboratoires communs, et d’évoquer les perspectives d’avenir de ces partenariats mais aussi, peut-être, de voir naître de nouvelles collaborations.

Justement, ce dispositif est-il bien reconnu dans les milieux socio-économiques ?

E. P. : Il existe aujourd’hui plusieurs lieux d’échanges pour faire se connecter ces deux mondes, comme les pôles de compétitivité par exemple, autour d’une thématique ciblée ; les Pôles Universitaires d’innovation (PUI), portant une nouvelle dynamique territoriale ; ou encore les associations d’anciens élèves, réseau d’alumni très actif. Le dispositif est reconnu par les communautés de recherche mais nous recevons encore un nombre trop limité de candidatures communes à l’appel LabCom, lié sans doute à un relatif manque de connaissance sur la richesse que peut apporter l’expertise académique aux milieux socio-économiques et de l’intérêt de s’associer pour résoudre des problématiques technologiques. Pour l’ANR, il y a aujourd’hui un vrai enjeu à développer et renforcer les dispositifs d’accompagnement des entreprises pour effectuer de la recherche partenariale profitable à la stratégie industrielle et entrepreneuriale de la France.

10 ans du programme LabCom : la recherche créatrice d’innovation
Le 23 novembre 2023
Maison de la Chimie, Paris