L’ANR renforce sa politique en matière d’éthique, d’intégrité scientifique et de déontologie

Entretien avec Laurence Guyard, Référente Intégrité Scientifique (RIS) à l’ANR.

Dans quel contexte et à quelle fin l’ANR a-t-elle renforcé sa politique en matière d’éthique, d’intégrité scientifique et de déontologie ?

Laurence Guyard : Ces enjeux ont toujours été une préoccupation majeure pour l’ANR qui a mis en place des mesures pour garantir l’équité de traitement entre projets déposés et qu’ils soient portés par des coordinateurs ou des coordinatrices, pour prévenir les conflits d’intérêt dans les processus d’évaluation et de sélection et pour promouvoir une culture de recherche intègre et responsable. L’Agence s’est notamment dotée d’une charte de déontologie en 2009, révisée en 2018 afin d’y inscrire l’intégrité scientifique et l’égalité femmes-hommes.

Nous sommes aujourd’hui dans un contexte de vigilance accrue sur la manière dont les recherches sont conduites et dont les résultats sont publiés. La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a très largement révélé les enjeux autour des pratiques de recherche, et le public a pris conscience de l’existence de pratiques non rigoureuses, voire malhonnêtes. Ce contexte nous a conduit à renforcer la cohérence de nos procédures et à clarifier le périmètre de responsabilité des différents acteurs pour chacune de ces notions qui ne sont pas aisément manipulables. Il peut, en effet, être difficile de comprendre ce qui relève de l’éthique, de l’intégrité scientifique ou de la déontologie car ces notions sont souvent indissociables.

Nous avons ainsi élaboré un document unique qui présente les grands principes, les responsabilités des différents acteurs, et les procédures qui s’appliquent pour la gestion des signalements qui relèvent de l’éthique, de l’intégrité scientifique ou de la déontologie, dans le cadre du Plan d’action de l’ANR et des appels mis en œuvre pour France 2030. Il vise à accompagner au mieux les communautés scientifiques qui peuvent être confrontées à des cas de méconduite et ne savent pas à qui s’adresser pour faire un signalement.

En quoi ces notions sont-elles indissociables ?

L. G. : Ces notions, qui renvoient à des aspects distincts de la recherche, sont indissociables car elles sont souvent intriquées dans le sens où des recherches qui ne sont pas conduites de manière scientifiquement rigoureuse ou honnête, peuvent interroger la dimension éthique de ces recherches en ce qu’elles ne sont pas inscrites dans une démarche réflexive, c’est-à-dire s’interroger sur ce que je fais, comment je le fais et quelles conséquences potentielles cela peut avoir pour la société dans son ensemble ou pour certaines catégories d’individus. Cela rejoint également les principes déontologiques d’honnêteté ou de professionnalisme.