Lauréat de l’appel à projets ExcellencES de France 2030, Sciences Po Paris lance son « Institut des transformations environnementales »

TIERED (Transformer par l’interdisciplinarité la recherche et l’enseignement face aux défis des démocraties) : vers une meilleure convergence des sciences humaines et sociales et des sciences naturelles et expérimentales

Officiellement lancé le 6 novembre 2023 par Mathias Vicherat, directeur de Sciences Po Paris devant une assemblée de 800 étudiants, chercheurs, acteurs publics et activistes, l’institut aura l’ambition d’œuvrer à l’approfondissement de l’offre académique et de recherche sur les questions environnementales, en accélérant l’ouverture vers d’autres sciences.

En 2022, sur proposition du jury international organisé par l’ANR et sur décision de la Première Ministre, Sciences Po Paris a été sélectionné au titre de la vague 2 de l’appel à projets « Excellence sous toutes ses formes » de France 2030 avec son projet TIERED. L’appel « ExcellencES », doté de 800 M€, vise à accompagner les politiques de sites des établissements au travers de transformations globales ou de restructurations internes, pensées en cohérence avec les spécificités socioéconomiques de leur territoire. Les projets, fondés sur des spécificités propres aux établissements, sont réunis autour d’enjeux contemporains communs intégrant notamment l’adaptation des formations à la transition écologique, l’innovation pédagogique, le renforcement du lien Science – Culture – Société et le renforcement de l’attractivité des offres de formations au plan national et international.

Dans un contexte de transformations environnementales et numériques majeures, qui percutent de plein fouet les systèmes démocratiques et les sociétés, Sciences Po Paris a proposé un ambitieux projet interdisciplinaire pour concilier les sciences humaines et sociales et les autres disciplines scientifiques. Le projet TIERED, financé à hauteur de 15,9 M€ sur dix ans et démarré en janvier 2023, prévoit ainsi plusieurs actions structurantes au sein de l’établissement pour encourager les étudiants à intégrer les questions environnementales à leurs parcours et travaux de recherche, stimuler la production et la valorisation de nouvelles connaissances transverses, enfin, les porter dans le débat public et auprès des décideurs de demain.

Un des objectifs de ce projet est ainsi d’affirmer la nécessaire contribution des Sciences Humaines et Sociales (SHS) à la compréhension des transitions environnementale et numérique, et de leurs conséquences politiques, sociales, économiques, juridiques et culturelles. Mais également de rechercher des complémentarités entre les SHS, domaine d’expertise de l’établissement, et d’autres champs disciplinaires, notamment les sciences fondamentales.

De nouveaux partenariats structurants avec des organismes de recherche scientifique et des établissements académiques

Afin de renforcer les liens, le projet TIERED s’est associé à des partenaires comptant parmi le fleuron de la recherche française sur le climat : le CNRS, l’IFREMER, l’Institut national de d’études démographiques (INED), INRIA, l’Université de Paris, mais également des partenaires académiques membres de l’alliance Sorbonne Paris Cité : Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), l’Institut de recherche pour le développement durable et les relations internationales (IDDRI).

Le projet aspire ainsi à combiner recherche, formation et sensibilisation d’une manière inédite sur ces domaines, touchant à terme l’ensemble des 14 000 étudiantes et étudiants de Sciences Po d’ici 2027. Il se fixe l’objectif d’irriguer l’ensemble de l’Etablissement par une stratégie intégrée.

« L’Institut des transformations environnementales » :  une structure transverse au sein de l’Etablissement pour coordonner et multiplier les initiatives liées aux transitions

L’institut des transformations environnementales est un des deux projets transverses de TIERED au côté d’un « Institut libre des transformations numériques ».

A l’instar de nombreuses universités ayant crée des instituts thématiques pour intensifier la gouvernance et la cohérence de site dans des domaines liées aux transitions contemporaines (The Earth’s intitute de Columbia), il doit permettre d’insuffler une cohérence d’ensemble et de massifier l’impact des initiatives environnementales déjà mises en place par l’Etablissement depuis une quinzaine d’années. Parmi lesquelles, un cours obligatoire de « Culture écologique » dispensé depuis janvier 2023, des enseignements de spécialités comme la « Politique de la Terre » prodigué par l’école de journalisme, 250 cours abordant ces thèmes soit environ 10% de l’ensemble des cours dispensés, des doubles diplômes (avec AgroParisTech, l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement), 10 masters spécialisés, des thèses en cours (par exemple en sciences politiques : La construction de la politique polaire chinoise. Un enjeu géopolitique pour la gouvernance internationale des pôles au XXIe siècle ; ou en sociologie : Faire public avec des données : une étude comparative des mobilisations contre la pollution de l’air à Paris et Buenos Aires) etc.

Par-delà les murs de l’école, 51% des étudiants sortants affirment par ailleurs qu’une composante liée à l’environnement est intégrée dans leur emploi.  Selon la directrice de l’institut, Charlotte Halpern, directrice de l’Institut pour les transformations environnementales et chercheuse au Centre d’études européennes et de politique comparée, il s’agit d’insuffler une cohérence d’ensemble et une meilleure visibilité à l’existant mais également de développer de nouvelles actions. Enseignements, actions de recherche structurantes avec les partenaires, doubles diplômes, recrutement d’enseignants-chercheurs et de post doctorants, accueil de professeurs invités, activités de diffusion et de valorisation des savoirs, insertion dans de grands réseaux (Alliance U7+, Global alliance of universities on climate) sont ainsi inscrits à l’agenda de l’Institut.

« Nous souhaitons devenir la première université de Sciences humaines et sociales en matière de transformations environnementales en Europe » a annoncé Mathias Vicherat, Directeur de Sciences Po Paris, lors de l’événement de lancement.

L’Institut s’appuiera sur un comité de pilotage interne pour faire le lien avec l’ensemble des communautés de Sciences Po et accompagner la transformation de l’établissement et sur deux autres instances de gouvernance :

Un conseil scientifique rassemblant des membres de la faculté permanente de Sciences Po, du CNRS, des partenaires du projet TIERED et des experts internationaux
 Un comité intitulé « le conseil des parties prenantes », présidé par Jean Jouzel, directeur de recherche émérite au CNRS, et constitué de personnalités impliquées dans les questions environnementales, élus, institutionnels, entreprises, activistes comme Camille Etienne, ancienne élève de Sciences Po Paris ou le journaliste et militant écologiste, Hugo Clément.

« L’institut est l’expression de notre triple ambition : répondre aux aspirations des nouvelles générations, comprendre notre temps pour agir sur le monde, et transformer les convictions de nos étudiants en capacités d’action » – Mathias Vicherat, Directeur de Sciences Po Paris

Une attention qui concerne les enjeux académiques mais également pratiques : d’ici quelques semaines, Sciences Po annoncera en effet les grandes lignes de sa trajectoire « Zéro carbone ».

En outre, assumant l’engagement de l’Etablissement au sein de la société, notamment par la diffusion des savoirs auprès du grand public, Mathias Vicherat a ajouté « Nous souhaitons inscrire notre recherche et nos enseignements dans le débat public. C’est la raison pour laquelle nous lancerons une plateforme numérique (Sciences Po Sources) en Janvier 2024 qui aura une dimension environnementale très importante avec des articles, des contenus, des interventions, des conférences. »

Citant Bruno Latour, le directeur a conclu son discours d’inauguration en évoquant la nécessité de préparer les élèves à « écologiser une civilisation toute entière ».